Alexandra Huard est une illustratrice jeunesse dont le goût pour les récits d’auteurs, les voyages et le travail chatoyant sur grand format, à la gouache, marque tous ses albums. Née en 1988 à Annecy, elle s’installe à Lyon pour se former à l’illustration à l’École Émile Cohl où elle développe son propre style, inspiré par les grands illustrateurs des années 50. Elle en sort diplômée en 2010. La même année, elle concourt à la Foire du livre Jeunesse de Bologne, y voit ses dessins sélectionnés, puis part à l’assaut des éditeurs avec quelques étudiants de sa promotion. Ensemble, ils font la tournée des maisons qu’ils préfèrent.
Cette résolution s’avère fructueuse. Alexandra Huard parviendra à signer chez une dizaine d’éditeurs : Sarbacane, Nathan, Gallimard Jeunesse, Casterman, Tourbillon, Milan, Bayard… Elle varie les registres, passe des adaptations de contes aux couvertures de romans, mais revient toujours aux histoires originales, qui lui valent des sélections aux prix emblématiques de la littérature jeunesse (Paris se Livre, Les Incorruptibles, Enfantaisie). « Je fais en sorte de ne pas m’enfermer dans un genre, pour me laisser emmener dans des univers auxquels je ne m’attendais pas. Je m’attache avant tout à la qualité de l’histoire, aux beaux textes ».
Elle illustre les albums de grandes plumes de la littérature jeunesse : Marcus Malte (La Chanson de Richard Strauss, 2012), Davide Cali (Un Week-end de repos absolu, 2013), Marie-Sabine Roger (Rikimini, 2013), Béatrice Fontanel (La Chose, en 2011, Je suis la méduse, en 2016, et Massamba le marchand de tours Eiffel, en 2018)… Ces rencontres ne sont pas toujours inspirées par ses éditeurs. Il lui arrive aussi d’inviter des écrivains qu’elle apprécie, comme Florent Couao-Zotti (Le Lance-pierres de Porto-Novo, 2017) et Maxime Rovère (Peter Pan, 2015)... voire de proposer simplement un thème. Ce fut le cas pour Tangapico (2015) : « Après un séjour au Brésil où j’avais tenu un carnet de voyage de ma remontée l’Amazone en bateau, j’avais envie de mettre tous mes souvenirs au service d’une histoire. Sarbacane l’a proposé à Didier Lévy, qui aime écrire à partir d’un point de départ imposé, ou d’une contrainte littéraire ».
C’est dans les voyages, justement, qu’elle puise sa sensibilité aux ambiances, aux couleurs, aux paysages naturels aussi bien qu’à l’architecture, qu’elle restitue dans ses livres : « Je me sers de mon métier comme d’un prétexte pour partir ! » Ses destinations ? L’Asie, l’Amérique du Sud et surtout l’Afrique sub-saharienne : Bénin, Gabon, Tchad et Djibouti, où elle s’est rendue à l’invitation des délégations de l’Institut français, pour expliquer son travail en milieu scolaire et exposer ses œuvres. Pékin sera peut-être sa prochaine destination.
En attendant, elle s’est attelée à l’illustration d’un livre jeunesse de l’écrivain et scénariste Didier Decoin, le nouveau président de l’académie Goncourt. Elle mène aussi des recherches graphiques pour un dessin animé, un long métrage présenté au cartoon Movie 2020, le rassemblement des professionnels du cinéma d’animation. Son premier projet de film.