Benoît Chieux

Réalisateur de films d'animation

Promotion 1990



Dix ans après Tante Hilda ! dont il avait été le co-réalisateur, Benoît Chieux (promotion 1990) signe un long métrage très remarqué avant même sa sortie en salles : Sirocco et le royaume des courants d’air (Sacrebleu) a fait l’ouverture du festival d’Annecy 2023 et obtenu le Prix du Public, ce qui l’annonce comme l’un des meilleurs films d’animation de l’année.  Sirocco revisite l’esthétique de l’anime japonais à travers l’histoire de deux sœurs, âgées de 4 et 8 ans, qui se trouvent projetées dans l’univers de leur livre favori et transformées en chattes. Pour revenir vers le monde réel, elles devront aller à la rencontre d’un inquiétant protagoniste, le mage Sirocco. Servi par la superbe musique de Pablo Pico, le film aspire le spectateur vers des contrées imaginaires.

Né en 1969 à Lille, Benoît Chieux a développé son goût pour l’animation très jeune. Il est encore au lycée quand il fabrique ses premiers dessins animés et convainc ses parents de l’inscrire à l’École Émile Cohl. Il part pour Lyon, obtient son diplôme haut la main, puis il se fait engager au studio Folimage où il se rend incontournable. Illustrateur décors, animateur, storyboarder, DA, il est à l’aise partout. On lui confie la création graphique d’une série TV jeunesse sur l’environnement, Ma Petite planète chérie (1995), avec un autre Cohlien et compagnon de route, Damien Louche-Pélissier. Celle-ci obtient de nombreuses récompenses, dont le Prix Unicef et le Prix Fondation de France au festival d’Annecy.

1997, le voici co-scénariste de l’Enfant et le grelot, de Jacques-Rémy Girerd. Ce court-métrage décroche le Cartoon d’or 1998 ainsi que le Prix du Public du festival de Stuttgart. L’année suivante, il dirige son premier court-métrage en tandem avec Damien Louche-Pélissier. Nouveau succès : Patate et le jardin potager rafle plusieurs prix d’animation, dont trois Pulcinella au festival italien Cartoons on the Bay. Viennent ensuite les longs métrages. Sur Mia et le Migou (2008), Benoît Chieux endosse les fonctions de créateur graphique et de scénariste d’un récit d’aventures en Amérique latine raconté à hauteur d’enfant. Il accède enfin à la réalisation de la fable écologique Tante Hilda ! (2013), tout en étant aussi créateur graphique et scénariste.

Il réalisera ensuite ses propres films. En 2015, il adapte l’album Tigres à la queue leu leu de l’illustratrice coréenne Moon-hee Kwoon dont il reprend aussi le style quasi calligraphique. Son court-métrage est sélectionné à la cérémonie des César 2016. Il change ensuite complètement d’univers avec Le Jardin de minuit (2017), récit énigmatique plongeant un couple d’amoureux dans les effets de transparence d’un labyrinthe enchanté. Une fois encore, son film est nommé pour le César du meilleur court-métrage, en 2018. L’année suivante, il réalise Cœur fondant en jouant avec la technique du stop motion pour créer les textures des personnages et des décors : le film sera primé au Portugal (Cinanima), en Suisse (festival Animatou) et en Corée du Sud (BIAF).

Animation 2D traditionnelle ou numérique, stop motion : aucun de ses projets ne ressemble au précédent, tant est forte son exigence de s’écarter du déjà-vu. Même si à chaque fois, comme pour Sirocco, il dit vouloir « faire un film vivant, pétillant, fou et généreux à l’égard du spectateur ». Une chance pour les Cohliens, à qui Benoît enseigne le cinéma d’animation.